Entretien avec Mathieu Labey CEO de Wheelskeep
Pour en savoir plus sur la manière dont les villes peuvent s’inspirer de la révolution cycliste parisienne, nous avons discuté avec Mathieu Labey, PDG de Wheelskeep, une société partenaire d’in-move by Railgrup, spécialisée dans les solutions de gestion et de sécurité des vélos urbains.
PSG : Comment garer mon vélo de manière 100% sécurisée au Parc des Princes ?
1. Mathieu, que pensez-vous de la transformation que Paris a connue vers une ville plus durable et plus adaptée au vélo ?
Que du bien ! De voir la ville et beaucoup de rues s’apaiser, devenir plus agréables et circulables et sans danger à vélo, de pouvoir à nouveau discuter en terrasse ou dans la rue sans bruit.
Voir de plus en plus de vélo et de personnes découvrir aimer se déplacer à vélo tout simplement. Les enfants apprennent la joie du vélo, en centre ville, heureux et libres sur leur propre vélo.
Aussi, la pollution des gaz d’échappement a réellement diminuée, le centre de Paris a amélioré la qualité de l’air par l’assèchement du trafic voiture.
Malheureusement, le vol est toujours présent et on le voit se professionnaliser avec l’augmentation de la demande de vélos et du prix moyen qui augmente, mais on voit aussi toujours plus d’épaves stationner sur les arceaux publics ou attachés à un poteau ou une station de métro : elles sont peu à peu recyclés de manière simple, les gens se servent dessus, jusqu’à l’os, le cadre. On les voit partout, auxquels il manque les 2 roues, puis sont doucement pillés et rouillés..
Le vol est toujours un problème qui freine largement l’usage du vélo et son élimination pourrait permettre de libérer par 3 ou 4 l’usage. C’est ce que je pense pouvoir apporter avec Wheelskeep, une solution immédiate, simple et adaptable partout, pour proposer vraiment le 100% sécurisé pour les cyclistes, devenus des propriétaires de véhicules de 2000€ en moyenne jusqu’à 10K€ pour des vélos cargos.
En retour d’expérience Wheelskeep, parkings 100% sécurisés et ressentis comme tels, on a 3 fois plus de vélos à l’arrivée : ces chiffres ont aussi été constatés de la sorte par les équipes JO2024.
2. Quels éléments du modèle parisien souhaiteriez-vous mettre en avant et qui pourraient être appliqués dans d’autres villes ?
Paris a pratiqué l’assèchement du trafic et s’est révélé efficace pour accompagner ce changement de modalité, plébiscité par la jeune génération. Suite à l’augmentation des embouteillages, beaucoup d’automobilistes ont abandonné la voiture pour ne plus subir les embouteillages et le trafic général s’est adapté.
Les jeunes Parisiens préfèrent les modes de déplacement plus libre, sans contraintes horaires ou fermeture de ligne. Cette nouvelle génération est aussi plus sensibilisée aux émissions carbone et à leur impact environnemental.
Aujourd’hui, grâce aux nombreuses pistes cyclables, se balader dans Paris à vélo est un vrai plaisir, on peut profiter de cette belle ville en se déplaçant sans bruit et aussi, plus rapidement que le métro ou la voiture, sur des trajets de moins de 5 km.
Même les automobilistes mécontents pendant la phase de travaux, sont aussi heureux que les autres de se balader plus tard à vélo ou marcher sur les quais de Seine, redevenus piétons. Ce changement d’usage de l’espace fait du bien à la ville pour en profiter pleinement.
Regrettablement, les villes continuent d’investir largement dans des parkings automatiques dit “sécurisés”, mais surtout compliqués à accéder, générateur de béton et carbone supplémentaires et qui malheureusement représentent 20% des vols de vélos déclarés. Ces parkings automatisés ne sont pas une barrière efficace contre le vol et les cyclistes le savent. Aussi, l’expérience utilisateur est complexe, avec une carte, une pré inscription, surtout pour une sécurité toute relative.
Sur 24h/24 et sur 15 ans un parking humain et 100% sécurisé avec services est au même prix que le béton et l’acier, qui en plus de créer des Jobs, offrent une vraie sécurité ressentie et notée 97,5% par les utilisateurs de JO2024.
3. Du point de vue de Wheelskeep, comment les entreprises peuvent-elles contribuer à favoriser ce changement ?
Wheelskeep a montré que son service génère 3x plus de trajets à vélo par la sécurité, la simplicité, le confort et les services apportés au cycliste.
En effet, le vol est un frein majeur à l’usage de son vélo, et lorsqu’il s’agit de faire de long trajets quotidiens, il est essentiel de pouvoir utiliser un vélo de bonne qualité, adapté à l’usage, à sa taille et en équipements utiles du quotidien.
Pour encourager l’usage, les entreprises achètent ou aident leurs salariés à l’achat de vélos mais oublient souvent la problématique majeure du parking et de sa sécurité.
C’est ici que Wheelskeep intervient et permet de créer des parkings 100% sécurisés et vendus à la place en abonnement partagés par entreprise, et options de services d’entretiens. Le modèle Wheelskeep permet aux entreprises de ne supporter que des places sécurisées nécessaires flexiblement et sans faire d’investissements.
L’expérience Wheelskeep est volontairement faite pour libérer l’usage et la décision inopinée de prendre son vélo un matin : Pas de complexité, d’application ou d’inscription préalable, il suffit d’un numéro de mobile. Si le salarié décide de venir à vélo, il n’aura rien d’autre à faire que de venir et de donner son numéro de téléphone une fois arrivé à l’entrée du parking. Une simple demande d’inscription et de rattachement à son compte Wheelskeep entreprise pour repartir sans payer.
De cette manière, pas de frein à l’envie de venir à vélo, le parking sera sécurisé, facile et certain.
4. Quels sont les principaux défis auxquels les villes sont confrontées dans la mise en œuvre de ce type de transformation ?
L’exemple de Paris sur le changement de part modale Vélo, est bien qu’il faut du courage politique pour faire changer les habitudes, surtout dans des villes très denses, mais qu’à la fin de l’opération sur plusieurs années, les habitants remercient le courage politique d’avoir tenue cette ambition et le calme retrouvé dans une ville plus apaisée et respirable.
Ces exemples de villes qui ont franchi le pas et dont le résultat est là sont utiles pour montrer qu’il est évident d’opérer ce changement, pour revivre normalement en ville, après les extrêmes écart vers le tout automobile, bus, métro, rouler à vélo et marcher est agréable à vivre.
5. Enfin, quels conseils donneriez-vous aux villes qui souhaitent répliquer le modèle parisien ?
Les arguments classiques sont toujours les mêmes et se révèlent faux dans le temps avec les statistiques. Le commerce s’oppose souvent pour dire que la clientèle vient en voiture, mais, bien au contraire, la densité de surface de parking et de route est bien 12x inférieure à vélo pour permettre à plus de clients de venir en magasins, restaurants, cafés, devenus calmes et agréables à vivre, et de venir plus agréablement, à vélo. Beaucoup d’exemples existent et convergent, il faut expliquer à mon sens, de la manière la plus pragmatique.
Une politique urbaine qui affecte autant la ville et son expérience du quotidien, surtout pendant des travaux qui créent une mauvaise expérience pour tous, mérite d’être bien expliquée pour être acceptée.
Quelques chiffres clés bien communiqués, peuvent permettre de bien comprendre l’intérêt de ces changements. Toujours facile de le dire, il est toujours difficile de convaincre des gens qui ne veulent pas changer leurs habitudes bien ancrées et qui donc ne peuvent pas entendre.
S’appuyer aussi sur la pratique et la jeune génération qui elle, voit positivement ces changements et les accompagne auprès des plus anciens souvent trop habitués à avoir oublié le vélo, acceptés même une sorte de futilité de la “bicyclette”, qui peut être volée sans que cela soit anormal ou grave à leur yeux, il s’agit pourtant d’un outil extraordinaire, personnel et précieux.
Mathieu Labey, CEO de Wheelskeep, Février 2025.
Laisser un commentaire